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Lundi 23 juin 2003, Jean-François Fernandez, Montpellier.
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Jean-François Fernandez : Enki Bilal, cinq ans entre deux albums, c’est long. Pourquoi autant de temps, sachant qu’au milieu est intervenu le 11 septembre, et y’a-t-il une volonté chez vous de laisser autant d’espace entre deux albums ?
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Enki Bilal : Je n’ai pas laissé autant de temps pour le fait de voir arriver le 11 septembre, sinon je... Qui aurait pu prévoir une chose pareille, même si moi je l’ai plus ou moins ? suggérée dans Le sommeil du monstre, ça restait pour moi qu’un horrible effet de fiction, une perspective tout à fait irréalisable et impensable. Ça n’était pas volontaire, en tout cas dans une durée aussi longue, mais il est vrai que j’ai besoin d’un espace. Alors, cet espace s’inscrit aussi dans le temps, est temporel. J’aime bien avoir le temps de digérer ce que j’ai fait, avoir le temps de le ? éventuellement de le modifier, de prendre du recul.
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J.-F. F. : Dans ce nouvel album, 32 décembre, la nouveauté c’est l’apparition de la tendresse et de l’amour entre les personnages, peut-être plus que dans le premier.
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E. B. : Oui, je crois qu’c’est tout naturel. Quand on sort du Sommeil du monstre ? Que le monstre s’est un peu réveillé, on a forcément besoin de ? ben, de choses extrêmement humaines, extrêmement ? essentielles ? C’est à dire, le désir, la sensualité, l’amitié, enfin ? Et pour trois orphelins qui sont liés malgré eux par un destin commun, ça devient vraiment l’enjeu primordial. Donc il est évident que après Le sommeil du monstre, qui était violent, dur, et qui est un album qui était né dans une forme de révolte, d’impuissance d’un auteur qui pouvait rien contre une guerre, et qui n’en souffrait pas autant que ceux qui étaient sous les bombes, ben il est évident que la suite ne pouvait être qu’un élan vers le ? vers une forme de tendresse. Et mes personnages, moi je les aime moi aussi. Donc il y a à la fois l’amour de l’auteur pour ses personnages, et il y a aussi le besoin des personnages de se retrouver. Donc ça, c’est quelque chose qui est naturel.
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J.-F. F. : Vous avez dit récemment que montrer le mal, c’était vulgaire. Or, vous êtes dans une situation où vous démontrez le mal à travers le personnage de Warhole.
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E. B. : Le mal suprême selon Warhole ? et qui en fait des happenings et des performances d’artiste conceptuelles -, c’est... pour moi, c’est du décalage, donc là c’est un jeu. Donc, imaginez une compression de morts éructés, c’est terrifiant, et en même temps c’est grotesque, bon. Par contre, là où je parlais de vulgarité, c’était de montrer... là c’était pas Le mal, c’est la... la violence de la guerre, montrer ce qu’a été la guerre dans les Balkans... Là, je trouve ça impudique et vulgaire, oui, c’est montrer... Quand le journaliste le fait, ça n’est pas vulgaire ni impudique, c’est nécessaire, et bien souvent il est obligé de... comment dire ? de trier les images. Mais qu’un dessinateur, qu’un artiste, avec le recul, avec sa façon de voir les choses, se vautre là dedans, là, je trouve ça vulgaire. Donc c’est pour ça que j’ai choisi les mots, dans Le sommeil du monstre. Et c’est pour ça, aussi, c’est parce que c’est peut-être lourd, ces mots, ce fameux compte à rebours que fait Nike pour arriver à ce jour 1, le jour de sa naissance... c’est parce que c’est lourd que dans le deuxième, j’ai eu besoin de lancer des pistes. Je dis bien, ce ne sont que des pistes de tendresse et d’amour. Parce que je pense que la vraie tendresse, et le véritable amour sont à venir ans le 3ème.
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(JPEG) J.-F. F. : L’album se termine, le trio est séparé, et les clones ont envahi le récit. Il y a quand même un côté tragique dans le fait que, justement, ça devient des pièces d’art que l’on peut soumettre à la violence ou au mal.
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E. B. : C’est l’côté, aussi, où il y a l’plaisir de l’auteur, un peu sadique peut-être, à jouer avec ses personnages, et p’t’être aussi avec le lecteur ; mais aussi avec lui-même. Je joue avec mes propres nerfs, quand même, en f’sant ça. Parce que par exemple, la phrase... pas la phrase, le mot de fin de 32 décembre, qui est le mot « qui ? », c’est quelque chose qui n’est venu qu’à trois jours de la remise définitive de l’album, à trois jours de l’impression définitive. Donc, ça veut dire que j’me laisse la possibilité de jouer. Et ce jeu, en mettant ce « qui ? », qui implique énormément de choses et de conséquences terribles pour Nike, c’est une façon de me lancer, aussi un... de me mettre un hameçon, dans l’espace, comme ça, qu’je vais devoir saisir le plus vite possible, parce que je vais avoir besoin d’savoir comment il va s’en sortir. Et il était évident, aussi, pour moi, que un deuxième volet sur une trilogie qui relie trois orphelins qui n’se connaissent pas, ou à peine, ce deuxième volet ne pouvait pas être le volet de leur rencontre. Donc, Leyla croit avoir rencontré le vrai Nike, elle sait pas qu’il y a des faux Nike, elle croit l’avoir rencontré, il disparaît sous ses yeux. Amir retrouve sa Sacha qu’il reprend en main, qui elle, devient forte ? qui a en plus une peau magnifique -, et Nike, ben Nike il est toujours entre les pattes de Warhole. Alors qui manipule qui ? Bon... Ben là our l’instant, il paraît clair que Warhole manipule...
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J.-F. F. : Est-ce que vous manipulez vos personnages ?
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E. B. : Ben... Je les manipule, ben oui, parce que... à quel point ? Mais ils me manipulent aussi, parce que... finalement c’est Nike qui m’a manipulé quand s’est imposé ce « qui ? », y’a eu une espèce de... d’effet de boomerang... C’est l’histoire qui a produit cette possibilité, cette voie... Parce que c’est comme ça, hein, quand on scénarise, quand on travaille dans l’imaginaire, on explore des voies, puis on s’dit « ben non, ça non, ça oui, ça peut-être ». Le « qui ? », quand il s’est imposé, je l’ai accepté, donc ça c’est Nike, c’est l’histoire qui a produit ça.
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J.-F. F. : Est-ce que les doubles, quand vous les dessinez, sont présents ?
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E. B. : (...) parce que je ne suis pas dupe, je n’vais pas moi-même finir par tomber dans le piège, et finir par dire « ben, finalement, le vrai, c’est... ben je ne sais plus lequel c’est, c’est p’t’être lui ». Pour l’instant non, mais en même temps y’a... comment dire ? Lorsque j’dessine le Nike qui est allé dans le Nefoud, et le Nike qui va à Irkoutsk... euh... Ah ! C’est... J’essaye quand même de retrouver le vrai Nike, c’est quand même une part de lui, en plus ses doubles sont chargés... ses clones sont chargés d’un maximum d’information, ce sont des répliques presque parfaites, à part leur sang qui est peut-être un peu mélangé à des substances synthétiques, enfin bon, on va pas entrer dans des... Mais on est quand même dans des espèces de répliques parfaites.
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J.-F. F. : On sent dans cet album, que vous avez pris un plaisir différent par rapport au Sommeil du monstre, ça se voit par les touches d’humour, qu’il n’y avait pas dans l’album précédent.
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E. B. : Ben, oui, parce que Le sommeil du monstre, y’a deux ou trois touches d’humour, mais qui sont dures, qui sont dans le... qui sont noires, parce qu’elles sont produites par la guerre et que... Mais on a besoin de... Mais c’est vrai que c’est un livre profondément sombre, et profondément désespéré. Là, y’a, forcément, ils revivent. Les personnages revivent, et moi aussi. L’auteur revit aussi, donc... Moi je ne pourrais pas m’passer d’humour, mais lors, très souvent, un regard rapide, comme ça, un survol de mes albums ou de mon travail, laisse souvent des gens... froids. Produit plutôt ? des choses rébarbatives... de rejet, presque, parce que c’est violent et ça paraît violent. Quand on lit, et quand on regarde et quand on entre, on s’rend compte qu’il y a quand même souvent du second degré, que c’est... qu’il y a même un coin de sourire qui flotte au bord de mes lèvres. Moi je le sens, ça parfois. En plus, même si j’ai fait la moitié de l’album avant le 11 septembre, si après le 11 septembre j’en avais remis une couche dans l’désespoir, en disant « le monde est décidément vraiment terrible », non. C’est pas du tout ça, je pense qu’au contraire, il faut vivre, mais faut pas... Et puis moi, je me sens à l’aise maintenant, parce que je l’ai dit, ça, je l’ai annoncé entre guillemets, et ça s’est vérifié, j’avais raison. J’avais raison. En tout cas sur la propension humaine en tout cas... et notamment en ce qui concerne les choses spirituelles, qui sont à manipuler avec énormément de précautions - c’est plus dangereux que l’nucléaire d’une certaine manière, on l’voit avec l’embrigadement et l’Islam radical, c’que ça peut produire -. Donc j’me sens quelque part débarrassé de ce devoir là. Je l’ai dit, c’est clair, c’est dans la trilogie une fois pour toute, puisque de toutes façons, si je devais mesurer l’temps qui va se passer entre le début du Sommeil du monstre et la fin du troisième volet (j’parle pas du temps de réalisation, mais du temps de la fiction des personnages), j’pense que ça va être un an et demi, deux ans. Le temps qu’ils se retrouvent et qu’on arrive à la fin du troisième volet, ce sera un an et demi, deux ans. Donc au cours de ces un an et demi, deux ans, parce que j’ai pas envie de les pousser dans l’temps, de les voir vieillir ou je ne sais quoi...
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J.-F. F. : Vos personnages sont très présents, très beaux, ils resplendissent dans un univers qui lui, est décalé, violent et laid. C’est une façon pour vous de mettre en parallèle des espaces très négatifs d’un côté et très positifs de l’autre, et vous promenez le lecteur dans cet espace.
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E. B. : Oui. J’crois qu’il y a quelque chose de cet ordre là, c’est que ils s’imposent parce qu’ils me sont nécessaires, et je les sens nécessaires aussi pour le lecteur. Et puis en plus, c’est un effet de focale qui... plus le fond est violent, laid et flou ? c’que j’ai apporté, c’est un aspect un peu flou, une profondeur de champ, pour parler cinématographiquement -. La profondeur de champ s’ajoute à une forme de laideur ou de violence, et du coup, ne fait que ressortir les premiers plans qui sont les personnages, et qui sont beaux - moi, j’les aime -, mais j’ai pas voulu les faire beaux d’une beauté... canon, stupide... j’essaie de les rendre beaux aussi par leur vécu, et par leurs doutes et par leurs faiblesses, et par ? Ce qui est intéressant, c’est qu’Leyla devient, elle qui était si solide, saine, scientifique, ne se posant pas de questions, apparemment, tout d’un coup, là, elle est en train de se fragiliser, parce que simplement, elle est amoureuse. Et que en plus elle s’est rendu compte de ce qu’a été sa vie, elle a fait des choses sur elle-même.
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J.-F. F. : Graphiquement, il y a une grande liberté, encore plus qu’avant.
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E. B. : Je donne plus d’importance... à l’espace autour des personnages, j’ai l’impression de tourner autour des personnages plus qu’avant, j’ai l’impression d’avoir mis quelque chose entre les personnages et le décor, d’les avoir décollés de leur décor. Avant ils en faisaient partie, et donc ça c’est quelque chose que j’ai conscience de vivre graphiquement. Et c’est assez agréable.
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J.-F. F. : J’aimerais revenir sur le personnage de Nike, qui dans le premier tome est défini comme un spécialiste de la mémoire qui ne s’intéresse pas au passé. Moi, j’ai plutôt la sensation, dans l’ensemble des deux albums, qu’il s’intéresse justement au passé, puisqu’il est à la recherche de Leyla et Amir, au détriment du présent. Ça se ressent beaucoup moins dans le deuxième tome.
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E. B. : Oui, mais. Bon, y’a passé et passé. Il veut les retrouver au nom du passé, mais c’est le présent, il veut les retrouver dans l’présent. Quand j’disais qu’il ne s’intéressait pas au passé, c’était plus l’aspect historique et lointain, c’était un spécialiste de la mémoire qui était capable de... d’aller sans doute très loin dans sa connaissance, sa propre connaissance du monde, de l’histoire du monde, mais c’est plus un... une espèce d’ ?il acéré qui furète là où il a envie d’aller. Et là, moi j’ai pas du tout l’impression qu’il s’intéresse au passé parce qu’il s’intéresse à ces deux orphelins. Il s’intéresse à leur présent et surtout à leur avenir. Je pense qu’il les protège toujours, le rapport à la protection il est sur le présent et le futur, et pas sur le passé. Celle du passé et déjà accomplie, elle a duré que le temps, le temps hypothétique de quelques jours passés ensembles dans un lit avant que la vie n’les sépare. Donc là, il a... il s’est souvenu avoir eu tout d’un coup le sentiment qu’à ce moment là il les protégeait.
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J.-F. F. : Il y a une collusion entre la violence, la mort et l’art qui est très forte, avec des pages très blanches. N’y a -t-il que de l’ironie, n’y a-t-il pas un fond critique sur tout un système et sur la critique ?
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E. B. : Oui. La critique, c’est plutôt positif. Moi, j’dirais... J’vais commencer par la critique parce que c’est quelque chose d’assez positif, de voir... Là, j’dis bravo à ceux... aux critiques qui sont allés voir la compression de morts éructés, et qui ont payé d’leur vie... ou de certaines (rire), de certaines blessures fatales, ou évolutives... De dire c’est vraiment l’art, d’entrer, pour un critique, dans l’art qu’il critique, de devenir partie intégrante d’une ?uvre, d’une performance... C’est quand même assez... assez admirable. Donc, non. C’est plus de l’ordre de l’anecdote, mais plutôt sympathique, hein ? Il s’agit pas de régler des comptes en tuant des gens, ce serait pas drôle du tout, et ce serait un peu premier degré. Alors par contre, le reste, alors... sur l’art. Moi, je... Bon, une chose à écarter immédiatement, d’emblée, c’est la fascination pour la mort et trouver dans la mort quelque chose d’esthétique. Ça c’est tout à fait impossible... moi, je trouve ça même parfaitement indécent de penser des choses pareilles, je trouve pas ça beau. Par contre, faire une mise en scène qui soit une manipulation extrêmement tordue, à travers des clones, donc pas des êtres vivants, mais faisant croire... D’abord, moi j’fais croire au lecteur que ce sont des êtres vivants, et même les clones croient... ils ne savent pas qui sont clones, donc là, y’a quelque chose d’assez... d’assez pervers... de faire une manipulation qui, d’un endroit parfaitement blanc, immaculé, tendu de toile blanche, au sommet d’une tour, comme ça, à Bangkok, de faire en sorte que cette manipulation des personnages, de leur destin, finisse par... dégénérer au moment où le grand artiste aura décidé, en une espèce de règlement de compte ? pas généralisé, mais entre personnes, entre... - et pour produire un effet esthétique avec à l’arrivée une espèce d’énorme carte de visite hologramme, on va dire, dans laquelle on voit apparaître à travers des taches de sang, je sais pas, d’une soixantaine de meurtres, la signature de l’artiste, là je dis que ça c’est quand même quelque chose d’assez... d’assez admirable. Je me dis « ça c’est très fort ». Bon, c’est désamorcé parce qu’on sait que ce ne sont pas des êtres humains. Là, c’est un jeu, là on est de nouveau dans l’esprit du jeu, et de la manipulation, c’est à dire que là j’ai l’impression d’avoir manipulé un peu le lecteur pendant cette séquence blanche, bon. Et en même temps j’ai réussi ? et c’était important, c’est pour ça qu’c’est un peu comme un film dans un film, comme une nouvelle dans un roman -, cette séquence est essentielle à 32 décembre parce qu’elle fait la connexion, c’est elle qui nous ramène à l’histoire des personnages, c’est elle qui nous ramène aux orphelins et au sniper, et à la mort du père de Nike, bref à tous ces person... et surtout à cette histoire qui est terrible : que Warhole continue à attiser, à jouer le jeu pervers des nationalismes, de... donc, il refait une mini Yougoslavie, au cours de ce happening entre Nike et Gilkovich qui vient l’provoquer, voilà. Donc ça c’est l’infiniment petit dans le plus grand, et puis dans cet album y’a aussi l’infiniment grand, alors là c’est un grand écart absolument démesuré et totalement... qu’on ne peut pas mesurer, inquantifiable, qui est celui de l’humanité, et de l’homme voisin... enfin, avoisinant avec les dinosaures.
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J.-F. F. : On vous a connu également cinéaste, depuis le début de cet entretien vous parlez avec un vocabulaire cinématographique, vous en êtes à votre troisième long métrage, vous pouvez nous en dire quelques mots, de ce long métrage ?
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E. B. : Quelques mots. Bon, l’histoire, c’est une histoire dont le point de départ est une bande dessinée, La foire aux immortels et La femme piège, on va dire... une partie de la trilogie Nikopol. À travers surtout trois personnages, qui sont les personnages principaux, et qui... Mais après... une fois que j’aurais dit ça, tout le reste est totalement inédit, nouveau, j’ai complètement revisité la bande dessinée pour en faire un scénario d’film dans lequel tout est changé, y compris la motivation de certains des personnages. Jill n’est pas du tout la même, Nikopol reste p’t’être le plus constant dans l’histoire. Horus, évidemment, est toujours dieu égyptien dans sa pyramide... avec ses compères. Mais il a d’autres motivations, et c’est ces motivations à trois. Ces trois là, ils ont un truc à... malgré eux, enfin... Bon, ils se retrouvent à devoir cohabiter, donc ce qui donne... des scènes assez croustillantes, à New York, en 2095, sur un fond géopolitique qui n’est pas du tout celui de La foire aux immortels ou de La femme piège. Voilà, donc c’est un objet complètement autonome, mais qui a gardé ? et ça c’est un clin d’ ?il que je fais à mon propre univers de ciné -, quelques-uns uns des éléments ? je pense notamment à la séquence de la greffe du rail de métro, ça je l’ai gardé... j’ai gardé deux-trois choses comme ça -, et tout le reste est nouveau, avec notamment un personnage qui est assez important, qui est joué par Charlotte Rampling et qui n’était pas du tout dans la bande dessinée.
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J.-F. F. : À l’époque, lorsque vous aviez fait cette trilogie, vous aviez dit que le comédien des Ailes du désir, Bruno Ganz, vous avait inspiré le personnage de Nikopol. Est-ce que vous avez fait appel à ce comédien pour ce long métrage ?
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E. B. : (rire) Non, malheureusement pas, parce que... Alors, pour faire Nikopol, c’est un peu tard, quand même. Il a pris évidemment quelques années, il les a bien prises apparemment, j’sais pas bien ?. Pas du tout en poids, hein ? ça reste un comédien exceptionnel, hors normes. Donc je pense que je lui proposerai volontiers un rôle dans un prochain film, ça c’est quelque chose auquel je pense réellement. Là, j’ai voulu aussi un peu rompre, d’ailleurs avec la... avec cette... je n’étais pas lié à une ressemblance particulièrement... correspondante, donc, j’ai pris un comédien qui m’a plu parce que... des rencontres... C’est un comédien qui m’a été conseillé par Cherreau... je voulais pas des gens trop connus non plus, il s’appelle Thomas Kretschmann. On l’a vu récemment dans Le pianiste de Polanski. Pour Jill, là aussi j’ai pas voulu de quelqu’un de connu, une actrice trop reconnue, donc j’ai un peu cherché, et puis celle qui m’avait servi de test, presque technique, qui s’appelle Linda Hardy je l’ai gardée parce qu’elle a montré, j’ai trouvé, des qualités et une envie, une passion ? voilà, et puis Charlotte Rampling, Colette Trintignant qui va apparaître en 3D... y’a plein de choses comme ça, assez amusantes pour faire un film qui à l’arrivée sera un film qu’il ne faudra pas... là effectivement j’explique qu’il y aura d’la 3D, y’a des tas de techniques très nouvelles, mais l’arrivée c’est pas d’en faire un catalogue, c’est d’en faire un film, quoi.
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J.-F. F. : Est-ce que cette notion d’artiste nomade qui vous a animé pendant très longtemps reste toujours aussi forte ? Est-ce que c’est plus facile à vivre aujourd’hui qu’il y a ne serait-ce que cinq ou six ans, avec la sortie de Tykho Moon, où la critique avait été très sévère ?
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E. B. : Très sévère, et surtout très intolérante, plutôt que sévère, d’ailleurs. Ben finalement j’me sens p’t’être moins nomade, alors. Par contre j’me sens dans un espace... de liberté, alors j’ai gagné ça. Peut-être que j’ai gagné ça à force de... à force de volonté, et puis de ? voilà, de sincérité. Mes films, je les assume, tout mon parcours j’l’assume, donc j’ai jamais fait de calcul, et j’ai tendance à dire que là, l’espace de liberté que je ressens, ben je l’ai peut-être mérité, et on a fini par me ? par me l’accorder.
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J.-F. F. : Est-ce qu’il est plus important que celui de la bande dessinée ? Car certains auteurs pensent que la BD peut-être l’espace de liberté le plus absolu, par rapport au cinéma.
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E. B. : C’est ce que je pense, mais quand j’parlais d’un espace de liberté où est intégré et la bande dessinée et le cinéma ? les deux sont dans cet espace, voilà. Donc c’est là que je navigue, et du coup d’autres expériences... Donc, l’espace dont je parle, il m’enveloppe, moi en tant qu’artiste... nomade. En fait je suis nomade de mon propre désert (rire), je suis nomade de mon propre désert qui a ses limites quand même. Donc là, je rassure ceux qui ont peur des... trop grands nomades. Mon désert a des limites, moi-même j’ai des limites. À un moment donné je peux avoir soif ! (rire).
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