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Lundi 15 janvier, 16h15. Bibliothèque historique de la ville de Paris. Dans quelques jours, Enki Bilal prend possession des 300 mètres carrés du lieu pour présenter une large sélection de son oeuvre. Une vilaine fuite d'eau retarde quelque peu le bon déroulement de l'installation, sous l'il un peu inquiet de l'artiste. Rencontre.


MultiMania - L'exposition commence quasiment au même moment que le festival de la BD d'Angoulême, d'ailleurs dans un lieu qui s'appelle l'hôtel d'Angoulême Lamoignon. Pur Hasard, ou pied de nez ?

Enki Bilal - C'est un pur hasard. Non, c'est le lieu qui m'a plu, une vraie rencontre. Le fait que ce soit à Paris, central, dans le Marais, que ce soit à la fois un musée et une bibliothèque, où sont exposés des manuscrits d'écrivains. C'est ça qui m'a plu, sortir du contexte officiel des musés d'art.

MM - Votre exposition est présentée non comme une rétrospective mais comme la recomposition d'une mémoire, la votre. Qu'est-ce qui a motivé cette démarche ?

EB - C'est une façon un peu pompeuse de présenter l'exposition. Pour moi, c'est tout simplement l'occasion de faire une pause, un bilan personnel. Là je suis en train de l'installer vous voyez, je suis un peu en retard. Mais je pense surtout aujourd'hui à ce que j'ai à faire pour demain, mes projets en cours. A la limite, cette exposition s'inscrit dans un processus de création. C'est un acte de création d'essayer de montrer tout ce que j'ai fait au cours de ces deux dernières décennies.

MM - Et comment se passe ce "processus de création" dont vous parlez ?

EB - C'est une création entre guillemets... Non en fait je fais un tri là, c'est un peu drastique, il y a tellement de choses ! Je crois qu'il faut remettre ça à sa place, c'est quelque chose de tellement simple. C'est montrer l'évolution de mon travail à ceux qui me connaissent, à ceux qui auront envie de venir ici. Ce n'est pas une exposition vente, ce n'est pas une exposition concept, ce n'est pas non plus une rétrospective, mais c'est en même temps un peu tout ça. Je crois surtout qu'il faut regarder si ça plait, et puis sortir si ça ne plait pas...

MM - Comment avez-vous utilisé, organisé l'espace de l'exposition ?

EB - Ca s'est fait au feeling, avec l'idée de ne pas faire dans la chronologie mais en regroupant par blocs. A l'entrée, on déboule sur "Le sommeil du monstre", qui est une de mes dernières réalisations, puis dans "Le sarcophage", avec Pierre Christin, dans "Un siècle d'amour", avec Dan Franck, et puis on arrive au grand couloir, avec "La trilogie de Nikopol" d'un côté et "La partie de chasse" de l'autre. On parvient ensuite vers le fond de l'exposition, où on trouve des peintures, des bleu sang, des calques... Il y a un coin réservé à l'image qui bouge, vidéo et cinéma. J'ai fait un montage très compressé de mes deux films, qui va défiler en boucle. On revient enfin vers des travaux divers, et, avant de sortir, on repasse par "Le sommeil du monstre".

MM - Comment vous sentez-vous à quelques heures du début de l'expo ?

EB - Je me sens surtout un peu débordé... Là, on a des problèmes de fuite d'eau... Mais je me sens très bien. Demain je commence le tournage d'un film... Vous voyez, l'exposition n'est pas une fin en soit !

MM - Quel est ce film ? D'autres projets à venir ?

EB - C'est mon troisième long-métrage, qui mixe 3D et acteurs. Une adaptation très libre de "La femme piège". Ensuite, mon autre grand projet, c'est la suite du "Sommeil du monstre" , "32 décembre", sur lequel j'ai également commencé à travailler. Ce sont mes deux grands axes pour les deux-trois ans à venir.

MM - Pour terminer, vous parlez du XXe siècle comme d'un "siècle assassin". Quelle est votre vision de ce nouveau millénaire qui commence ?

EB - Je ne sais pas si j'ai dit assassin, j'ai dit qu'il était violent. Il s'est terminé dans la violence, l'actuel démarre dans la violence... Je pourrais dire que ça ne peut pas être pire, mais si, l'homme à cette capacité à toujours se surpasser dans tous les domaines, et malheureusement aussi dans celui de l'horreur. On va espérer que ça se passe beaucoup mieux...




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Court entretien avec Christian Desbois, éditeur et commissaire de l'exposition enkibilalandeuxmille un.



MM - Christian Desbois, comment vous sentez-vous à quelques jours du début de l'exposition ?

Christian Desbois - Plutôt calme, serein, compte tenu de tout ce qui nous tombe dessus en ce moment - ce qui est normal pour ce type d'événement, il y a toujours une part d'imprévu, toujours une pression... Peut être qu'avec le temps j'ai appris être très zen dans toutes les situations... Je me dis qu'à la fin tout va venir se caler, qu'on va y arriver.

MM - Qu'est-ce qui est le plus difficile ?

CD - C'est de se dire qu'il faut rester très calme justement, que tout va se mettre en place doucement. Il ne faut surtout pas paniquer. Enki est plutôt du genre serein aussi. A la limite, plus ça se complique, plus on a l'impression qu'on va résoudre les problèmes.

MM - Et comment se passe le travail avec Enki ?

CD - Ca ne se passe pas forcément par rapport à l'exposition. C'est dans la continuité. On mène de fronts plusieurs choses. Cette aventure s'articule autour de conceptions, de choix, d'envies de dire des choses, le tout avec une certaine maîtrise, jusqu'à cette bande noire qu'on voit derrière nous...

MM - Comment fonctionne cette bande noire ? C'est un peu le fil conducteur de l'exposition, on la retrouve dans toute l'identité visuelle de la communication. Le noir, le blanc, le dessin préparatoire... La couleur n'arrivant finalement qu'au dernier moment... Un peu comme cette expo !

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