Retour



A Bientôt cinquante ans, il revient avec un livre sur Tchernobyl et travaille à sa nouvelle trilogie, alors qu'une exposition est consacrée à son oeuvre graphique.


Comme Tardi ou Druillet, Enki Bilal, monstre sacré de l'âge d'or de la BD française (les années 70-80), parfois semblé, ces derniers temps, se lasser des cases et des bulles. C'est pourtant un vrai tir groupé du dessinateur qui s'annonce. Le maître du futurisme décati, dont les albums paraissent plongés dans un interminable hiver, n'a peut-être pu se résoudre à laisser passer le dernier du siècle... Après un livre sur Tchernobyl, qui marque ses retrouvailles avec Pierre Christin - le scénariste des Phalanges de l'Ordre noir et de Partie de chasse - une grande exposision proposera un voyage à travers ses images. En attendant Trentedeuxdécembre, deuxième volume d'une trilogie entamée avec le someil du monstre.

EPOK : Une exposition importante vous sera consacrée à Paris en Janvier prochain. L'Etat des stocks, recueil de vint-huit ans de dessins et de peintures, à été réédité l'an dernier. Ca y est, Bilal est presque canonisé...

Enki BILAL : Je ne vois pas du tout les choses comme ça, surtout pas! Cette exposition proposera un survol assez complet de toutes mes activités liées à l'image. On y trouvera un peu de tout : des bandes dessinées, des peintures, des dessins, des extraits de films ou de vidéos. L'année 2001 m'a semblé être emblématique : le 2001 de Kubrick est un film qui m'a marqué. Et ce sera l'année de mes cinquante ans...

Ces jours-ci paraît le Sarcophage, pour lequel vous avec retrouvé le scénariste Pierre Christin. C'est un récit étrange consacré à Tchernobyl...

Notre dernier album, Partie de chasse, remonte à 1983. A l'époque, nous pensions être allés au bout d'un vrai travail de prospective politique. Depuis plusieurs années, nous avions envie de faire quelque chose de différent. le Sarcophage est un livre déroutant et violent. Drôle, aussi. Cest un bouquin monstrueux, à l'image de la monstruosité de Tchernobyl..

Les histoires que vous avez Imaginées avec Christin étaient plus faciles à écrire dans les années 70 et 80. La situation politique est ensuite devenue plus compliquée.

Partie de chase était un livre prémonitoire. Nous avions reniflé la Perestroïka naissante. Essuite, nous nous sommes interogés sur le thème qui nous intéressait : la troisième Guerre mondiale. En plaisantant, nous nous sommes dit : "Si nous faisons un bouquin, elle va avoir lieu ! Epargnons au monde un nouveau conflit..." Et puis, les idéologies n'étaient plus au centre du débat. Aujourd'hui, en racontant des histoires situées dans un proche futur (une anticipation de quarante ans), je peux aborder de manière plus forte les mutations en cours.

Vous donnez parfois l'impression de prendre vos distances avec la bande dessinée. vous cherchez à vous en éloigner?

Je fais autre chose que de la bande dessinée. mais j'en fais toujours! Elle reste le moyen d'expression le plus libre que je connaisse. Mais c'est un travail qui peut être réaliser que dans la passion. Et c'est justement pour préserver cette passion que je fais moins de bande dessinée. C'est parfois mal compris : on m'a dit que je faisais su cinéma par besoin de reconnaissance...

Vous arrive-t-il de vous dire : "attention, là, je fais du Bilal", d'avoir le sentiment de vous répéter?

Ca m'arrive, bien sûr... Mais je veille à ce que cela ne se produise pas quand je prépare un nouvel album. Le temps écoulé entre deux livres sert aussi à ça : il facilite une forme de "démémorisation". Le sommeil du monstre, mon dernier album, a été une petite révolution. D'abord, j'ai changé d'outil : j'ai utilisé l'acrylique au lieu de la gouache, ce qui donne moins de précision au dessin. Et j'ai également changé de méthode, en travaillant case par case et en abandonnant la planche. dans le prochain, il faudre aussi qu'il se passe quelque chose...

On sais déjà qu'il s'appellera Trentedeuxdécembre et qu'il paraîtra en fin d'année 2001. Vous avez commencé à y travailler?

J'ai dessiné une quinzaine de planches et écrit un quarantaine de pages. Ce sera une histoire moins dure que le Sommeil du monstre. Qui était un livre dense, lourd. Mais je ne pouvais pas faire autrement : pour moi, parler de la guerre en ex Yougoslavie était une sorte de libération. Et quand on se soulage d'un poids, il faut bien qu'il se retrouve quelque part...

Et le cinéma? Vos deux films m'ont pas fait l'unanimité... Avec le recul, que leur a-t-il manqué?

Avec Bunker Palace Hôtel, j'ai voulu faire vivre mon propre univers par l'image et le son, plutôt que de me couler dans le moule du cinéma. Et réussir un film avec des personnages qui ont perdu toute sensibilité et toute émotion était un pari impossible... Tykho Moon était plus maîtriser mais peut-être trop décalé, pas assez réaliste. ce furent vraiment daux très belles expériences. Mais passer de la BD au cinéma, c'est perdre beaucoup de liberté...

vous reverra-t-on derrière une caméra?

On m'a donné carte blanche pour un film qui mélangera images de synthèse et acteurs réels. Je reprends trois personnages de la trilogie "Nikopol" : la femme piège, le dieu Horus et Nikopol l'histoire se déroule dans l'avenir, mais n'a rien à voir avec les albums. A la sortie de Tykho Moon, un critique m'avait reproché d'être ma proche référence. Alors, autant l'être jusqu'au bout en adaptant un univers que j'ai déjà dévelippé...

Retour





Accueil | Albums | Nouveautés | Illustrations | Créations | Films | Expos | Photos de Bilal | Autour de Bilal | Interviews
Fonds d'écrans | Biographie | Bibliographie | Liens | Remerciements et contacts